Le petit Jardin
La mémoire d’un quartier MISE EN RELIEF par les souvenirs de ses habitants
Le petit Jardin, ancien dancing brestois, a existé pendant près d’un siècle dans le quartier de Recouvrance. Ce lieu emblématique s’est fait le témoin d’un temps, traversé par des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, kaléidoscope de visages génération après génération.
Le Petit Jardin a été l’écrin de célébrations, noces et fêtes, carrefour de destinées aux murs peints de souvenirs et aux portraits de convives hauts en couleurs. Il a été vide et plein de tristesse lorsqu’ il n’y avait plus d’hommes pour convier les demoiselles à danser. La lumière s’est depuis longtemps éteinte et la poussière s’est déposée sur les vestiges de ces récits de vie. L’honneur est fait ici à l’éphémère, aux reflets estompés, à une mémoire à nouveau mise en relief. Foulons les pavés et soulevons la terre cet été dans le quartier de Recouvrance ; que les ombres deviennent silhouettes et se joignent à la fête !
Un binôme mène une danse qui n’a ni début ni fin, à la fois la première et la dernière, le premier jour d’une rencontre jusqu’au dernier tour de valse. Un autre duo, ni tout a fait les mêmes, ni tout à fait deux autres, nous émeut sans se mouvoir sur le souffle de l’accordéon enroué.. Leurs voix n’a de cesse de venir interrompre la danse. Suspension du temps, arrêts sur image, répétitions et ellipses, ces grands enfants crédules, se figent et se défient, saisissent et s’évanouissent avant d’être repris par la course de leur propre histoire. Dans l’éclat de leur mots et l’insouciance de leurs êtres résident les secrets de leurs jeunes années.
Mille et un pas posés, tapés, glissés pour leurs pieds qui ne peuvent plus s’arrêter. Lourds et lents, leurs corps quand s’anime ce ballet. Une soirée à s’enlacer et à se lâcher, une vie à s’aimer et à se déchirer… De plus en plus légères, imprévisibles, leurs âmes qui vont nous traverser. Dans cette transe syncopée, ce quatuor appréhende l’espace et le temps, comme des boîtes à souvenirs que l’on ré-ouvre, pleines à craquer de multitudes d’objets. Comme un instrument sans son musicien pour le faire vibrer, le bal sans son orchestre ne sait plus sonner. Ses danseurs ne savent plus swinguer. Sur leurs visages, les lèvres déformées nous chantent des airs que l’on connaît, nostalgie éblouissante, d’un temps vibrant, au cœur du quartier de Recouvrance.
« Je suis née à Brest. Je suis le dernier d’une fratrie de trois enfants. Je n’ai pas quitté Brest de toute ma vie. A vingt deux ans j’ai connu mon épouse et je me suis marié à vingt quatre ans. Nous sommes restés deux ans fiancés. Elle venait de passer son baccalauréat. Elle allait rentrer en faculté de droit. Ses parents étaient propriétaire de la maison que mes parents louaient. C’est comme ça que je l’ai connu. Nous avons été fiancés deux ans et on se voyait quand même. Elle descendait me voir dans ma chambre. Après on s’est fiancé et puis l’on s’est marié. Il a eu une belle situation. Habillé en officier de marine, costume de l’officier, ingénieur officier dans la marine. J’ai toujours son costume chez moi. Sa casquette, avec des galons, des galons d’or, des galons sur les manches, des galons sur les épaules, c’était très chic. Un beau garçon. Oui.. oui…
A qui ressemblait-il ? Il était plus beau.. qu’un artiste. On s’est aimé passionnément. » Jacqueline Poder

DISTRIBUTION :
Concept et chorégraphie : Jennifer Dubreuil Houthemann Danse : Jennifer Dubreuil Houthemann et Lazare Huet
Musique originale : Maewen Forest
(Recueil de témoignages réalisés en 2017 et 2018 à la résidence Louise Leroux)
Ce projet a bénéficié des aides de la DRAC Bretagne et du département du Finistère, culture santé et culture solidaire en 2017. Projet porté par le Mac Orlan en partenariat avec la fondation Ildys et l’Ehpad Louise Leroux.